Durabilité de la nature | Gestion des plastiques : une décision climatique cruciale
Récemment, la prestigieuse revue scientifique internationale *Nature Sustainability* a publié un article intitulé « Élimination des plastiques : une décision climatique cruciale ». Cet article souligne clairement qu'avec l'échec des négociations sur un traité international relatif aux plastiques, les pays du monde entier sont confrontés à une crise climatique négligée : les méthodes d'élimination finale des plastiques (mise en décharge, incinération ou recyclage) constituent une décision climatique majeure, or leurs émissions de carbone n'ont jamais été formellement intégrées aux engagements climatiques nationaux. L'article met en garde contre le fait que cette lacune politique compromet sérieusement les objectifs climatiques mondiaux.

L'échec récent des négociations sur un traité mondial sur les plastiques à Genève, en Suisse, a laissé le monde sans restrictions contraignantes sur la production ou la consommation de plastique. Parallèlement, plus de 450 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde, et chaque tonne de plastique connaît finalement trois destins : la mise en décharge, l'incinération ou le recyclage. Chaque mode d'élimination a des conséquences climatiques spécifiques, largement ignorées dans les cadres internationaux. Si rien ne change, le cycle de vie complet des plastiques pourrait consommer environ 20 % du budget carbone restant au cours des 15 prochaines années.
Bien que l'enfouissement des déchets plastiques puisse séquestrer du carbone, il produit du méthane et du lixiviat, compromettant ainsi leur stabilité à long terme. Le lixiviat généré par les déchets plastiques dans les décharges contient des milliers de molécules organiques dissoutes, contribuant davantage aux émissions de gaz à effet de serre. L'incinération de chaque kilogramme de plastique libère environ 2,3 kilogrammes d'équivalent dioxyde de carbone, ce qui engendre des émissions immédiates, mais est souvent présentée comme une solution de valorisation énergétique des déchets. Lorsque le recyclage est efficace, il constitue la voie la moins polluante en termes d'émissions de carbone et peut compenser la production de plastique vierge. Cependant, le processus de recyclage reste énergivore, limité par la technologie et coûteux dans de nombreuses régions du Sud. À l'échelle mondiale, seulement 9 % des déchets plastiques sont recyclés, 19 % sont incinérés et 50 % sont enfouis.
Les politiques publiques n'ont pas encore considéré ces options de gestion des déchets plastiques en fin de vie comme des décisions climatiques. Ni les contributions déterminées au niveau national (CDN), ni les directives de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) n'exigent de comptabilisation ou de déclaration systématique de la gestion des déchets plastiques. Par conséquent, lorsque les gouvernements prennent des décisions en matière d'infrastructures – comme l'investissement dans de nouvelles usines d'incinération – ils ne tiennent pas compte de l'effet de verrouillage carbone induit. La production de plastique devant tripler d'ici 2060, l'absence de prise en compte de la gestion des déchets plastiques pourrait compromettre les objectifs climatiques mondiaux fixés par l'Accord de Paris.
Les premiers scénarios soulignaient que la réduction des émissions de plastique, la substitution, le recyclage et l'élimination constituent des mesures d'intervention essentielles. D'autres propositions incluent la taxation ou l'instauration de redevances sur certains produits en plastique, l'extension de la responsabilité des producteurs, l'interdiction de certains produits en plastique, la construction de décharges contrôlées et l'octroi d'une aide financière aux pays en développement. Bien que ces mesures contribuent à l'économie circulaire et à la réduction des émissions de plastique, les conséquences carbone de l'élimination des déchets plastiques restent largement négligées.
Les pays devraient intégrer les conséquences carbone de l'élimination des déchets plastiques dans leurs inventaires nationaux et leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) afin d'éviter de remplacer un problème climatique par un autre. Par exemple, les Fidji et le Chili se sont engagés à inclure les enjeux liés aux plastiques dans leurs CDN actualisées, démontrant ainsi comment la gestion et la production de ces déchets peuvent être directement liées aux engagements climatiques.
La prochaine Conférence des Parties (COP) à la CCNUCC, qui se tiendra à Belém, au Brésil, et les futures négociations sur les traités relatifs aux plastiques offrent à d'autres pays l'occasion de suivre cet exemple. Il est notamment nécessaire d'apporter un soutien aux pays à faible revenu et aux pays insulaires, qui supportent un fardeau disproportionné des changements climatiques et de la pollution plastique, mais qui manquent souvent d'infrastructures et de fonds pour mettre en œuvre des solutions de gestion des déchets à faible émission de carbone.
Dans le même temps, l'industrie du plastique doit s'attaquer à sa chaîne de valeur profondément dépendante du carbone et opérer une transformation en décarbonant sa production, en investissant dans les énergies renouvelables et les innovations en matière de recyclage, et en alignant ses objectifs sur l'Accord de Paris. Ce n'est qu'en conjuguant ambition politique et transformation industrielle que le plastique pourra passer du statut de facteur de risque climatique à celui de partie intégrante de la solution.
Texte original :

Source : Compte officiel : Matériaux recyclés - Espace de données Kunyu




